Keshô-Mawashi 3, par Fasnibay

Publié le par Micha

Dandy à ses heures, Vénitien baroque par ailleurs, Fasnibay est de ces êtres pour qui l’art est un jeu sacré, un masque coloré. Fine moustache et chapeau rond, il poursuit son chemin artistique, nous menant des rives du Pays du soleil levant au cœur des nuits parisiennes.

Il a le goût des belles choses, Fasnibay, dont les femmes, bien sûr. Muses russes et fines dentelles, divas libertines et volutes de cigares, sa magie est là. Un soupçon d’Asie, une pincée d’érotisme, et son œuvre se dessine. Puissance grasse des dieux nippons, courbes délicieuses d’une femme aux bas noirs ou fleurs immenses soulignant les draps.

 

 
Décrivez-nous Kesho-Mawashi 3.

Tablier de cérémonie, le Keshô-Mawashi se porte lors de l'ouverture d'un tournoi de Sumotoris, offert par les sponsors aux Sekitori. Chaque sumo est uniquement vêtu du grand tablier de parade brodé, le Keshô-Mawashi. Celui-ci est constitué d'une grande pièce de soie allant de la taille aux chevilles du lutteur et couvrant uniquement l'avant du corps.

 

Véritable chef-d'oeuvre, ce tablier est composé de trois parties :

-         une partie écrite en bas,

-         un logo brodé au milieu,

-         la ceinture en haut.


Brodés de fil de soie, d'or et d'argent, le « logo » du lutteur est en fait celui de son « sponsor », qu’il s’agisse d’une société commerciale, d’une association de supporters, ou d’une collectivité locale. Ces Keshô-Mawashi coûtent une petite fortune à ceux qui les financent.
Les couleurs sont chatoyantes, les dessins souvent originaux. J'ai donc fait une série sur plusieurs Keshô-Mawashi. Cela me rappelait les chevaliers du Moyen-âge portant haut leurs blasons sur leurs boucliers ou leurs bannières. Une certaine singularité dans la pluralité.

Pouvez-vous nous raconter la conception matérielle de Keshô-Mawashi 3 ?
Créé sur papier japonais, peints à l'encre de chine et à l'acrylique à l'aide de pinceaux chinois. Agrémenté d'écriture japonaise, le Sumotori représenté a été choisi parmi de nombreuses photographies tirées de livres sur le Sumo que j'ai fait venir de Tokyo.

Que représente Keshô-Mawashi 3 à vos yeux ?
Quand je me suis lancée dans cette série, j'avais déjà peints de nombreux sumotoris mais d'une façon moins statique que cette dernière. Ce qui était intéressant à l'époque était de représenter des combattants de sumo dans un style expressionniste avec des jets de couleurs vives. Il y avait un contraste entre l'action brève du mouvement saisi et la lenteur de l'exécution du geste. Saisi sur le vif, la puissance dégagée par le sumotori éclatait dans un maelström de couleurs. A contrario, la série des Keshô-Mawashi est très statique, plus posée dans les couleurs. Il s’agit d’une présentation avant l'effort, de face, bien campé sur ces jambes, franc et massif : un sumotori, fier et digne.

Quelle atmosphère est la plus propice à votre création ?
L'instant le plus propice à la création est celui où vous êtes en phase avec vous-même. Faire le vide et ne penser qu'à ce que vous allez sortir sur la feuille. Il y a une certaine évidence dans ce qui se vit à ce moment là.

Quelle serait votre œuvre  idéale ?
Il n'y a pas d'oeuvre idéale. Etre en phase avec soi au moment de la création. Puis, peut-être, retrouver le regard de l'autre qui a senti ce "moment de création". Un partage en somme. Il y a des tableaux où cette sensation est évidente pour soi et pour une grande partie des gens. En ce sens, le message passe et il en résulte une certaine réussite.

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