La Belle expo "Bulles et Balles"

Publié le par Mehdi T

Le cinéma en 3 D occupe depuis quelques mois un nombre croissant d’écrans. Effet spécial ? Effet de mode ? Signe des temps et de l’évolution des attentes d’un public en quête de nouvelles illusions ?

Tout cela peut-être longuement débattu c’est pourquoi je vais plutôt évoquer une expérience 3D qui se passe de lunettes puisqu’elle n’est pas virtuelle. Certes il suffit d’ouvrir les deux yeux pour entrer dans ce monde réel (si commun). Encore faut-il trouver le décor approprié pour entamer une réflexion sur la matérialité des volumes qui nous entourent. Une promenade en ville, une ballade en nature, le parcours d’une exposition de sculpture fournissent autant d’avatars en 3D qui déclinent ces possibilités (esthétiques) d’éprouver notamment la sensation du relief et de la profondeur.

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Depuis près d’un an à Roland Garros l’exposition « Bulles et balles » nous offre cette fois l’opportunité de nous immerger dans l’univers en 2D de la BD sans qu’il faille préalablement passer au rouleau compresseur. On y déambule ainsi au milieu d’un savant éclatement de cases et de phylactères, réduit à l’échelle des pages d’un album et sur le tracé - entre la gomme et le crayon - d’un cour de tennis. Comme Alice dans son pays des merveilles on est plongé au cœur de l’arène tennistique côtoyant une foule, que dis-je, une bande de personnages dessinés : Gaston, Leonard, Cubitus, Pif, Spiderman, Bécassine, Snoopy, Donald, Mademoiselle Louise, Babar et même l’énigmatique Jimmy Torrent.  Tous ces héros avec leur personnalité propre, leur virtuosité, leur maladresse, leur épopée ou leurs anecdotes… illustrent les multiples facettes du tennis. Ainsi, à travers les échanges riches et constants entre le tennis et la bande dessinée, les idées, les gags, les prouesses techniques foisonnent. A chaque pas on assiste à ces heureuses rencontres sources d’enchantement, de rires, de sourires et toujours d’enseignement. P1120116Car le parcours est d’une lucidité ludique mené par un scénario subtile en huit chapitres et quelques écarts pertinents. On entre constamment sans la moindre sensation d’huis-clos mais plutôt avec le sentiment d’une échappée toujours renouvelée. Le scénario, le dessin préparatoire (au crayon ou directement au feutre), l’encrage et la mise en couleur s’élaborent successivement tandis que Snoopy philosophe, que Gaston a une illumination inquiétante, que Donald fait son McEnroe ou que Léonard s’approprie génialement l’invention du tennis. Et dans ce chaos bon enfant la ligne claire du cour est soudainement franchie avec Prince du tennis et, à travers lui, on découvre le traitement du tennis version manga. Tout l’art de la BD est raconté dans cette belle expo par ses auteurs, ses créateurs mais aussi par sa forme spécifique d’expression liée à une certaine narration, un mode de représentation dans un espace particulier. De même qu’au tennis les règles et les bases ont progressivement été mises en place, il reste par différentes techniques à introduire des variantes, découvrir de nouveaux gestes, occuper l’espace autrement. Les rebondissements sont sans fin. Ca tombe bien on avait envie de rester encore.

 

BULLES ET BALLES, Le Tennis en bande dessinée – depuis le 10 juin 2009 et jusqu’à la fin du tournoi 2010 de Roland Garros.P1120107

Publié dans Art

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