The Darjeeling Limited

Publié le par Mehdi T.


Trois frères américains se retrouvent réunis par l'aîné en Inde à bord d'un train en partance pour une destination improbable avec pour alibi "la quête spirituelle". Mais on réalise assez vite que l'égarement formulera davantage la partition. Et le train semble incarner en cela le tracé de ces existences embarquées dans une aventure où les individus se trouvent compartimentés (le temps d'un mouvement panoramique et onirique), confinés dans leur espace intime avec leurs attributs. Dans le prolongement de cette figuration, le travelling donne l'impulsion au récit alors que les chemins de traverse trahissent la narration. On entre ainsi dans le décor sans relâche, parfois même (pour un des personnages) au sens figuré et défigurant. Et dans ce train qu'on prend le plus souvent en marche, rien n'est sûr en dépit de la méthode préalablement planifiée. Sortir des rails n'est pas la seule façon de se perdre, on peut très bien se tromper de chemin en restant sur les rails... question d'aiguillage. L'accident, le dérapage, l'imprévu, déclinent tous les hiatus qui donnent le relief, l'articulation, le ton ou le rythme au film.
C'est le destin qu'on voit prendre forme avec son ironie, sa mécanique et ses signes que les trois frères cherchent à déceler ou à fabriquer dans une mystique improvisée, grotesque et émouvante à la fois. Le hiatus se manifeste également dans la présence fortuite d'Occidentaux pressés, immatures et encombrés de bagages dont il faudra bien apprendre à se délester, ne serait-ce que pour accomplir le deuil qui s'avère être la réelle motivation de tous ces transports. Un des fils conducteurs de ce récit apparemment déjanté décrit une famille dispersée qui recherche l'unité, la cohésion perdues après la mort du père et la fuite de la mère au nord de l'Inde. En empruntant un flash back magistral les obsèques d'un enfant mort noyé font resurgir le souvenir des obsèques du père des trois frères. La réconciliation, l'élucidation et la sérénité deviennent alors seulement possibles.
The Darjeeling Limited, Wes Anderson, 2008.

Publié dans Cinéma

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